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08/08/2012

Dignité mes fesses (1) !

 

Blouse2_1.jpg Blouse1_1.jpg Si ça vous touche, vous pouvez signer ici :

 

Pétition pour des chemises d’hôpital respectant la pudeur et la dignité des patients. 

(pour info, on peut signer en ne laissant visible que son pseudonyme, même s’il faut renseigner le reste).

www.petitechronique.com

05/08/2012

Dignité mes fesses (2) !

Dignité, mes fesses (2) !

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Dignité, mes fesses !

 

Le kiné : « Je vous couvre, je sais vous êtes à l’hôpital mais tout de même… »

 La patiente : « Oh pardon, excusez-moi ».

 

 

Replaçons le contexte.

Jeanne, 85 ans et sa prothèse de hanche flambant neuve. Son esprit vif et gai, sa gentillesse et son sourire.

 

Hospitalisée en chirurgie orthopédique depuis sa malencontreuse chute d’un escabeau. Jeanne et son 1m59 d’antan, plutôt 45 aujourd’hui, ont eu une idée saugrenue: faire les carreaux. Pas les petits de la cuisine derrière leurs rideaux de dentelle hein. C’eut été trop simple. Non, les baies vitrées du séjour. 2m20 de haut, Jeanne avait les bras bien trop courts. D’où l’escabeau.

Bref.

 

L’opération s’est bien passée, le nombre de ses antécédents se compte sur les doigts d’une seule main, Jeanne est cohérente, orientée, antérieurement autonome, et pipelette comme pas deux, tout ce que j’aime.

 

Comme tous, je la découvre vêtue de l’informe chemise de nuit de l’hôpital.

Celle un peu courte, qui ferme derrière. Histoire peut-être d’empêcher les patients bien orientés de gérer eux-même habillage et déshabillage. Dignité, estime de soi ne tiennent là qu’à deux malheureux boutons pressions bien difficiles à fermer.À l’aveugle et dans le dos.  Même, ils ne sont que deux. Un au niveau de la nuque, un à la taille.

 

Il suffit d’un peu trop de hanches sous une taille marquée pour que le patient passe l’intégralité du séjour les fesses à l’air. La taille couverte, le reste largement esquissé entre les pans écarté de ladite blouse. C’est comme ça et puis c’est tout. C’est la santé qui prime ma bonne dame.

 

Pas de chichis en général à l’hôpital. Les sous-vêtements ne sont pas pour les gens malades. C’est long à mettre, à enlever et souvent, en orthopédie en tout cas, ça multiplie la charge de travail des équipes. Parce qu’il faut enlever le slip avant de mettre le bassin, le remettre après. Parce qu’il faut aider Mamie à descendre sa culotte parachute pour poser son séant sur le trône alors que sans, avec la blouse largement béante à l’arrière, pas besoin d’une aide humaine. Laissez-moi vomir.

 

De toute façon, Jeanne, elle n’a pas eu le temps de faire sa valise avant de venir et pas encore de visite. La question ne se pose pas.

 

Je commence doucement la mobilisation au lit pour évaluer ses douleurs en fonction du type de mouvement et ses possibilités initiales post-opératoires. Mais voilà, la blouse est un peu remontée et à la première flexion de hanche un peu élevée, j’ai une vue parfaitement dégagée sur les parties intimes de Jeanne. Qui ne dit rien. Comme beaucoup d’autres d’ailleurs.

 

Et ça m’énerve. Ça ne me fait rien à moi, soignante, de la voir ainsi dénudée. J’ai l’habitude, je n’éprouve rien de spécial, je ne juge pas, je m’en fous, pour moi. Mais que ça ne lui fasse rien à elle, je n’y crois pas. Qu’elle ait l’air d’accepter me révolte. Elle a beau être hospitalisée, rien, rien ne justifie qu’elle soit ainsi exposée aux regards. Et qu'elle s'y plie.

 

 

« Je vous couvre, je sais vous êtes à l’hôpital mais tout de même… »

« Oh pardon, excusez-moi hein ».

 

Achevez-moi ! Pourquoi, pourquoi cette petite dame adorable éprouve le besoin de s’excuser ? Pourquoi à chaque fois, tous s’excusent ? A croire qu’ils se sentent coupable de leur nudité. Non mais où va-t-on ?

Depuis quand être à demi nu devant les soignants, les médecins et ses proches doit être une fatalité quand sur le plan médical rien ne le justifie ? Depuis quand et comment apprend-on aux patients à accepter cet état de fait ?

Comment en sont-ils arrivés à être plus gênés pour nous que pour eux-mêmes ?

 

En plus d’être trop souvent traités comme des numéros (chambre 14, la 7 d’hémoglobine, etc…), comme un simple membre, un simple organe (le fémur de la 12), il faudrait qu’ils s’asseyent sur leur pudeur, parce que c’est normal, qu’on est à l’hôpital, « on va pas chipoter hein ». Mais enfin, chipotez bordel ! On ne parle pas des courgettes décongelées du siècle dernier détrempées et sans sel qu’on vous a servi à midi, on parle de votre intimité, de dignité et de respect, alors chipotez et chipotez sec !

 

Elle est où la dignité dans tout ça ? Et le respect ?

« Ne vous excusez pas Madame, c’est pour vous que je le fais»

« Vous êtes bien gentille. J’ai l’habitude, vous savez. »

 

Putain. Je suis gentille. Et elle a l’habitude. Alors ça va.  On peut continuer comme avant.

Et moi j’ai la gorge serrée.

 

Leya MK, Kinésithérapeute.

 

   

Si ça vous touche, si vous êtes d’accord, vous pouvez allez par ici :

  Pétition pour des chemises d’hôpital respectant la pudeur et la dignité des patients. 

(pour info, on peut signer en ne laissant visible que son pseudonyme, même s’il faut renseigner le reste).