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03/09/2012

Vide grenier

Le billet d’Anne Sophie, ou comment les riches s’organisent pour surmonter la crise.

Aujourd’hui : le vide -grenier

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Charles-Henri a fait, devant toute la famille réunie, un rapport d'étape - on ne dit plus rapport d'avancement, c'est paraît-il démodé -  sur le plan de rigueur décidé lors du dernier Conseil de famille. Une catastrophe ! Nous n'avons réussi qu'à économiser des bouts de chandelle. « Cela ne suffit pas, nous devons prendre le taureau par les cornes. Oui, mes amis, il nous faut travailler et, pour une fois, je ferai mienne la devise de l'Autre : travailler plus pour gagner moins»  déclara-t-il solennellement.
Vous imaginez la stupeur dans la salle. Tante Antoinette crut à une galéjade, Cousin Paul consultait nerveusement son mini-dictionnaire et moi, je m'interrogeais sur mon avenir.

 

Les précisions ne tardèrent pas à venir :

« Vous Antoinette, si bonne brodeuse, vendez donc vos admirables réalisations ;

 Hubert, Bac + 10 doit bien vous permettre de donner quelques cours particuliers à de riches cancres ;

Marie-Charlotte gardez des enfants ;

Léopold entretenez les jardins des parvenus ;

Anne-Sophie débarrassez-nous de toutes nos vieilleries en faisant les vide-greniers...

Chacun doit imaginer des moyens de gagner de l'argent ».


Mon premier vide-greniers fut un échec cuisant. J'avais décroché une esquisse de Picasso que je ne pouvais plus voir en peinture, rassemblé quelques porcelaines de collection hideuses, deux ou trois bibelots rares, et fourré le tout dans la Jag empruntée à Bernard-Henri. Dès que j'aperçus la populace qui se précipitait pour faire une bonne affaire, je compris que mon Picasso à 135.000 euros et mes bibelots à 2.000 euros pièce ne trouveraient pas preneurs ici. Je m'étais trompée de cible. Sur conseil de Charles-Henri, je dévalisai les greniers de maman et belle-maman, casées en maison de retraite, empruntai quelques saisonniers étrangers d'un domaine agricole voisin et leur véhicule, et me voilà partie avec Marie-Charlotte vider nos greniers de famille dans la France d'en-bas, moi, Anne-Sophie. Je tremblais d'être un jour reconnue dans ces lieux peu fréquentables pour gens de notre rang.

Le Billet d'Anne-Sophie.

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